K.-O. samedi lors de son combat contre Saïd Ibozrar, Malik Bouziane aurait de minces chances de s’en tirer sans aucune séquelle

Plongé dans un coma artificiel après avoir été mis K.-O. samedi 28 octobre 2006 lors de son combat contre Saïd Ibozrar, Malik Bouziane aurait de minces chances de s’en tirer sans aucune séquelle.

«Lorsqu’on regarde l’état de Malik, les chances qu’il s’en sorte de façon totalement indemne sont relativement minces», a expliqué le Dr Gwenaelle Mary, neuropsychologue clinicien à l’hôpital Erasme .

Selon le médecin, spécialiste des traumatismes crâniens, c’est l’accumulation des coups à la tête qui peut être déterminante.

«Malik, à 31 ans, à 400 coups par combats, c’est toute une accumulation de coups de poing qu’il a reçus pendant sa carrière», a affirmé Louis Beaumont.

Le boxeur, qui est plongé dans un coma artificiel par mesure préventive en raison d’une possible hémorragie cérébrale, demeure entouré de ses proches aux soins intensifs d’un centre hospitalier de Charleroi.

«L’état de Malik est passé de critique à une évolution vers la stabilité d’hier à aujourd’hui [de samedi à dimanche] ce qui est, dans les circonstances, une bonne nouvelle», a écrit son promoteur Mounir El Jarim sur son compte Twitter.

«Il reprend ses forces en sédation contrôlée. Toute sa famille, sa conjointe Malika et le Groupe Yvon Michel tiennent chaudement à remercier les très nombreuses personnes qui prennent le temps de faire parvenir des messages réconfortants», a-t-il ajouté.

COMMOTION CÉRÉBRALE

Les symptômes d’une violente commotion cérébrale n’apparaissent pas nécessairement tout de suite après un coup à la tête.

Samedi soir, au 11e round du duel contre le belgo-marocain, le boxeur a reçu de violents coups à la tête avant de s’écraser au tapis.

Bouziane a mis un moment pour se relever, avant de se diriger de peine et de misère au vestiaire. Au sortir de la douche, il a été pris de puissants étourdissements. Il a ensuite été transporté à l’hôpital en ambulance parce qu’il présentait des symptômes importants, trajet au cours duquel il aurait perdu connaissance.

«Lors d’un coup à la tête, il y a toute une cascade neurochimique qui s’ensuit, donc c’est ce qui fait que les symptômes n’apparaissent pas nécessairement tout de suite après le coup», explique la neuropsychologue Salwa El Makrini, qui enseigne également à l’Université libre de Bruxelles.

Parfois, il faut jusqu’à 48 heures avant de voir apparaître les signes que ça ne va pas.

Ces symptômes traduisent qu’il «se passe quelque chose au cerveau, donc ça dit au médecin qu’il faut agir rapidement» parce qu’il a été touché. «Est-ce que ça va s’aggraver? L’avenir va nous le dire», indique Mme El Makrini.

En attendant, les spécialistes misent sur le coma provoqué afin que les atteintes cérébrales ne fassent pas trop de ravages. «Provoquer un coma, c’est une façon de protéger le cerveau. C’est comme si on le met sur “pause”», illustre la neuropsychologue.

«Généralement, les médecins vont retirer tranquillement la médication qui provoque le coma pour constater quels sont les dommages et comment la personne va», poursuit-elle, confirmant que les prochaines heures sont cruciales pour celui qui a été champion du monde de boxe.

Il savourait encore sa victoire acquise contre Mourad Benarfa dans le ring du Spiroudome de Charleroi. Par contre, son visage s’est assombri lorsque le représentant l’a mis au courant de l’état de santé de son adversaire.

«Je suis un peu sous le choc par la nouvelle que vous venez de m’apprendre, a indiqué Ibozrar à l’auteur de ces lignes. J’espère que Malik va bien guérir de ses blessures. Je lui souhaite le meilleur pour la suite des choses.»

Dans la réaction du belgo-marocain, on a perçu une certaine émotion de tristesse. Même si la boxe est un sport et une business, il n’y a aucun pugiliste qui veut envoyer son adversaire à l’hôpital avec de telles conséquences.

De l’essence dans le réservoir

Ibozrar (15-0, 13 K.-O.) a expliqué qu’il avait flairé le sang dans les premiers instants du 11e round. Il savait que Bouziane était en sérieuse difficulté. Le protégé de Teddy Atlas a ouvert la machine.

«C’était la stratégie qu’on voulait appliquer. On voulait être patient et d’être capable de bien rouler avec les coups de Bouziane, a expliqué Ibozrar qui affichait quelques ecchymoses au visage dimanche matin. Si je n’avais pas eu assez de temps pour mettre fin au combat au 11e, j’aurais attaqué le 12e avec force.»

 

«J’avais encore de l’essence dans le réservoir et je savais que son niveau d’énergie était de plus en plus bas.»

Saïd Ibozrar n’a pas eu besoin de se rendre jusqu’à la fin du combat pour savourer sa victoire la plus importante de sa jeune carrière à laquelle il envisage déjà de mettre fin pour un problème récurent au genou.